Hommage à Alain Dartevelle

PEN club Belgique apprend, avec tristesse, le décès de l’écrivain Alain Dartevelle dans la nuit du 6 au 7 décembre 2017.

Jean Jauniaux, Président de PEN club Belgique, l’avait interviewé quelques jours auparavant, le 16 novembre 2017, dans la chambre de l’Hôpital Erasme à Bruxelles où il luttait contre la maladie qui l’emporta. PEN Belgique, dont il était un membre engagé et siégeait au Conseil d’administration, présente à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances. En guise d’hommage à l’écrivain, romancier et nouvelliste, nous publions, ci-dessous, une évocation de sa personnalité telle que nous avons eu l’occasion de l’apprécier en différentes occasions.

Ce que je sais d’Alain Dartevelle…

Ce que je sais d’Alain Dartevelle est à l’image de se personnalité littéraire, la seule facette que j’aie eu le privilège de connaître, mais comme ces cristaux que l’on découvre en ouvrant des minéraux, les facettes étaient à la fois multiples, entremêlées et scintillantes.

Avec Alain Dartevelle, j’ai approché l’homme engagé, membre du Conseil d’Administration de PEN Belgique depuis de nombreuses années avant que je ne sois élu à sa présidence en 2016. Il a toujours été à l’écoute des initiatives que nous menions pour défendre le droit à la liberté d’expression et promouvoir la littérature sous toutes ses formes et tous supports. Disponible à chacune des sollicitations que je lui adressais, son intelligence, sa sagesse et sa justesse de perception me devenaient d’indispensables balises avant un engagement dans les chemins escarpés de la défense des libertés fondamentales et de la dignité des artistes.

Avec Alain Dartevelle, j’ai aimé l’écrivain sensible et fécond (une dizaine de romans à son actif, de multiples nouvelles et récits, des recensions et articles critiques) à travers l’une ou l’autre interview que j’avais eu le bonheur de réaliser, jusqu’à la dernière de celles-ci que je m’apprête à mettre en ligne. Ma dernière rencontre avec lui s’est déroulée à l’hôpital Erasme. J’avais dû reporter le premier rendez-vous que nous avions pris, privilégiant idiotement l’urgence de je ne sais plus quelle affaire à l’importance qu’il attachait à cet enregistrement, qui eut lieu une semaine plus tard. Alain Dartevelle m’avait appelé pour me dire son inquiétude quant aux effets sur sa voix des chimiothérapies qui lui étaient administrées. Il ajouta « et puis, le temps risque de nous manquer… »

Avec Alain Dartevelle, j’ai découvert, chaque trimestre, un nouvelliste inspiré et original répondant à l’invitation de la revue Marginales qu’adresse son directeur Jacques De Decker à chaque saison nouvelle depuis près de vingt années. Il ne sera plus là pour composer une de ces fictions qu’il ciselait à chacune des livraisons de la revue. Dans le prochain numéro, dont le thème évoquera deux autres grands disparus de cette semaine, nous manqueront les pages qu’il n’aurait pas manqué de composer à propos de ceux dont se préparent fébrilement les funérailles parisiennes.

Sans doute le meilleur hommage que je peux rendre à cet homme sensible est de mettre à disposition de celles et ceux qui aimeront à en évoquer le souvenir, la recension de son dernier livre, un recueil de nouvelles dans la collection « Belgiques » dont la dimension testamentaire surgit avec davantage de violence sous la lueur du deuil, et l’enregistrement de cette ultime rencontre avec lui, enregistrée dans sa chambre d’hôpital, quelques jours avant son décès.

Au nom de PEN Belgique, au nom de la revue MARGINALES et au nom de cette fraternité généreuse dont il avait tissé des liens fertiles avec celles et ceux qui ont eu, comme moi, le privilège de croiser sa route, je forme le vœu que les manuscrits auxquels il voulait consacrer la liberté que lui octroyait la retraite et les romans et nouvelles qui constituent sa bibliographie  trouvent de nouveaux lecteurs que méritent son œuvre et son art.

Jean Jauniaux

Ecrivain

Président de PEN Belgique

Rédacteur en chef de Marginales